Ce troisième jour des JEMA est l’occasion d’évoquer une nouvelle étape du processus de création, celle du rendez-vous avec la matière, la terre et son infini champ de possibles, pour mon plus grand bonheur.
Retour à la terre…
Puis vient le jour où devant ma table l’idée doit germer. Grandir éclore, devenir. L’impatience est encore là, à tel point que j’emporte souvent avec moi dans mes séjours en Bretagne un pain de terre au cas ou l’idée surgirait du bout de mes doigts.
Installée à ma table, mes planches et mes petits outils à porter de main, un bol d’eau et de barbotine à droite, non à gauche, sous la lumière de mes deux lampes d’atelier, je m’y mets, la musique m’accompagne.
C’est un instant «magique», seule face à ce pain de terre humide, le croquis, n’est pas loin au cas ou, mais je ne le regarde pas. C’est ainsi que ce pain de terre grège, humide et malodorant pour certains, sorti d’un plastique, prend vie.
Mes mains, mes doigts, mes bras comme téléguidés montent ma pièce, la façonnent. Je lui donne sa forme, la malaxe, l’étire, la roule, la déroule, la pique, la strie, la déchire même, c’est doux, joyeux parfois, mais aussi violent.
La terre est moi nous connaissons bien, elle est aussi vivante que moi mais a parfois mauvais caractère, si je ne la respecte pas elle n’en fera qu’à sa tête, c’est un échange, un dialogue.
Cette terre me ressemble un peu.
Then the day comes, when, in front of my table, the idea has to sprout, grow, bloom, become. The Impatience is still there, to such an extent that I always take a loaf of clay with me during my stays in Brittany in case the idea suddenly flows from my fingertips.
Seated at my table, my boards and my small tools at hand, two bowls, one with water and the other with slurry on my right side, no, on my left, under the lights of my two workshop lamps, I get to work, to the sounds of my music always there.
It’s a magic moment, alone in front of this humid loaf of clay, my drawing not so far away, just in case, but I’m not looking at it. That’s how this grege loaf of clay, humid and smelly for some, taken out of its plastic, comes to life.
My hands, my fingers, my arms seem guided. I create my piece, I give it its shape, I mold and pummel it, scratch it and even tear it up. It’s soft, sometimes joyous, happy or even violent, brutal.
We know each other very well. The clay is just as alive as I am, but sometimes with a nasty temper. If I don’t respect it, it’ll have its own way maybe even take revenge !
It’s a dialogue, a conversation between the two of us.
This clay acts a lot like me…